Dans l’émotion devant la fragilité d’un monde en transition, et dans l’envie de plus de douceur, j’ai eu besoin de revenir à l’essentiel, de dessiner un lien plus intime avec cette Terre première que nous habitons. Dans un retour à une intériorité, quoi de plus beau et de plus vrai que d’être au contact de notre Terre, dans nos actes les plus élémentaires et vitaux.
Architecte en éco-construction, j’ai approché les enduits terre en construisant ma propre maison. De là, est née comme une résurgence, l’envie évidente de façonner la terre, nourrie par une fascination pour les peuples premiers qui ont mis tout leur Amour dans la confection de leurs objets du quotidien, comme pour encenser la vie dans tous ses petits instants.

Consommer est un acte sacré, et le contenant participe pleinement à donner du sens.
De cette envie première est née la collection « Hymne à la Terre ». Les pièces créées, toujours pour un usage au quotidien, tasses, gobelets, mugs, bols, assiettes, saladiers, théière, révèlent des déclinaisons de couleurs de grès naturelles, à nu, tout juste revêtues d’un émail transparent mat ou brillant.
Puis il y a eu la rencontre avec les terres sigillées et l’évidence de revenir à cette technique plus vertueuse, où l’enduit d’argile par un jeu de polissage entre chaque couche vient fermer la terre en une seule cuisson, et lui apporter un toucher unique, et où la flamme et l’enfumage viennent sublimer les pièces dans le four à bois.

Lorsque j’arrive dans l’atelier, c’est déjà un temps sacré pour moi et quelque soit l’ouvrage sur lequel je travaille, j’accorde un temps privilégié à l’intention transmise au travers de mes mains pour chaque pièce.
L’intention première est celle de douceur pour l’humanité et reconnection à la Terre et aux éléments premiers.
Les 4 éléments sont réunis dans la pratique de la Céramique et j’y vois une véritable quête Alchimique.
Terres sigillées
Dans la continuité d’une recherche de retour à l’essentiel et du respect de l’écologie, l’exploration de la technique des terres sigillées est apparue comme la plus adaptée.
Cette technique développée par les Gallo-Romains, Etrusques et Grecs permet de rendre les pièces étanches en une seule cuisson à basse température.
Cette technique demande patience et technicité.
Il s’agit en premier lieu de faire décanter des argiles de récolte de préférence et de les mettre en suspension avec un défloculant. Après 3 semaines de décantation, on récupère le tiers supérieur avec les argiles les plus fines en suspension.
Cet enduit d’argile liquide, que l’on appelle « sigillée » est ensuite appliqué couche par couche sur des pièces crues soignées et polies dès le tournasage.
La pièce crue étant très fragile et l’enduit d’argile très liquide, il faut attendre 1 à 2 jours entre chaque couche, selon les saisons, polir entre deux pour que les fines particules fassent corps avec la pièce et la referment. Le jeu des couches fait apparaître des nuances et des transparences dès la mise en cuisson jusqu’à 1050° selon les teintes désirées mais c’est la phase finale avec un enfumage au feu de bois qui va faire apparaître de nouvelles variations et révéler des pièces uniques.
La rencontre avec le feu a été une nouvelle étape dans la connaissance d’une vie de céramiste pour accéder pleinement au parcours alchimique propre à cette pratique.
